Alea Jacta Est

Petit extrès de la rencontre (ou retrouvailles plutot) entre Severus Rogue et la procuromage Cardwell

Majestueuse. Tout simplement. Si impassible d'apparence, mais pourtant si bouillonnante de rage intérieurement... Il pouvait aisément le sentir... A son regard, à sa voix, à ses gestes, un peu moins maitrisés que d'habitude... Il la connaissait presque par coeur. Presque...

Mais elle lui faisait mal aussi. Trés mal. Touchant pile poil les points les plus sensibles... Oui, il fut un temps, il n'aurait jamais accepté ni choisi de passer pour mort et de se cacher aussi lamentablement aux yeux des autres. Il fut un temps, sa fierté si mal placée et son égo démesuré lui auraient dicté de revenir sur le devant de la scène et de leur montrer, une fois encore, que le grand Severus Rogue n'était pas un lâche. Quitte à finir à Azkaban ou sous le baiser d'un détraqueur... Mais voilà. Ce Severus Rogue semblait bel et bien mort, lui. Ou du moins, il était pour l'heure, profondément endormi.

- Je te ferais remarquer que c'est toi qui m'as fait entrer ici, répondit-il non sans une once de moquerie acerbe.

En fait, il savait pertinemment bien qu'Ann ne parlait pas de "ici" en tant que "dans cette maison" mais plutot de "ici" en tant que "juste en face de chez moi en criant à tue-tête mon nom". Car oui, maintenant tout lui revenait en mémoire. Les dernières heures qui, jusque-là, étaient encore un peu floues, revenaient peu à peu, aussi clairement que s'il revoyait la scène sous ses yeux. Il avait été lamentable. Pathétique. C'est vrai, quoi? Que faisait-il ici? Soit il se faisait passer pour mort, et il restait planqué... Soit il revenait parmi les vivants et aurait eu alors tous les droits de possiblement venir ici... Seulement voilà, il avait opté pour la première option. Donc en toute logique, il n'avait plus rien à faire parmi les sorciers. Encore moins chez Ann... Rhhhha... la logique et lui, parfois...

- Quant au mandat d'arrêt, je t'en prie, fais-toi plaisir. Appelle donc le Ministère...

Sa voix était devenue sourde, rauque, tandis qu'il tentait de retenir tout le dépit qui menaçait de le submerger depuis tout ce temps. Donc même mort, même après ce qu'il avait livré à Potter, même après tous les sacrifices qu'il avait dû faire, on cherchait à l'arrêter? On le présumait mort, mais dans le doute, on avait pris la précaution de lancer un mandat d'arrêt contre lui? Donc on le prenait toujours pour le redoutable mangemort qu'il avait joué tout ce temps...

Il aurait mieux fait de mourir, pensa-t-il... réalisant trop tard qu'il avait dit cette dernière pensée à voix haute, même si que dans un murmure, alors que son regard avait fui celui d'Ann, préférant fixer le sol, beaucoup moins accusateur à son goût.

Petit extrès de l'arrivée de la petite escorte au Ministère, du point de vue de Ebène Graymes, l'une des Aurors..

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Elle volait depuis plusieurs minutes déjà lorsqu'elle repéra trois silhouettes qui transplanaient. Deux femmes et un homme, constata-t-elle de sa vue de rapace, autrement dit particulièrement perçante. Et parmi les trois personnes, l'un, boîteux, s'appuyait sur une canne et s'éloignait rapidement des deux autres pour vomir tout ce qu'il avait dû avaler depuis quelques temps déjà. Il était tout vêtu de noir, maigre, avec un gros nez crochu et des cheveux luisants...De plus ses vêtements n'étaient pas dans un état splendide. Curieux, cette description lui faisait penser à quelqu'un... Severus!! S'exclama alors son esprit tandis qu'elle continuait à tournoyer autour d'eux, en bon rapace qu'elle était.

Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour reconnaître une des deux femmes: Tia Shacklebolt, sa complice de toujours depuis qu'elles étaient aurors au niveau coups foireux et trucs puérils en tout genre.

Par contre, la troisième femme, elle ne lui revenait pas en tête. Pas de si haut, en tout cas...

En parlant de revenir en tête, Tia finit par reconnaître son amie dans l'oiseau royal qui les survolait, et lui adressa un signe. Le bel aigle descendit alors en piqué, droit sur eux, récupérant à quelques mètres du sol sa forme humaine et atterissant sans encombres dans la neige fraîche. Elle salua les deux femmes:

Bonsoir Mrs. Salut, Tia!

La dame se présenta à elle comme étant Ann-Elizabeth Cardwell. Ce nom lui disait quelque chose... Ha oui, Cardwell! Celle qui avait été mise sur le dossier Rogue... Elle répondit d'un ton un peu ironique:

Vous supposez juste. Je suis Ebène Graymes, mais ça je suppose que vous le saviez, n'est-ce pas...

Ladite procuromage vint alors lui parler des procédures. Il était vrai qu'Ebène n'en avait copieusement rien à foutre, mais bon pour la forme et par respect pour sa collègue du Ministère, elle fit mine de s'y intéresser, ni trop ni trop peu. Elle prit les dossiers des mains de la procuromage.

Parfait pour les papiers.

Elle leur lança un Reducto avant de les fourrer dans une petite poche de son pantalon noir

Quant à sa mise en détention... Cela me semble inévitable. Reste à voir s'il est en état de supporter les conditions un peu... spartiates... des cellules du Ministère. Après tout, il n'a pas l'air très bien portant, là... Il a même très mauvaise mine...

Elle pouffa tout en haussant le sourcil d'un air interloqué et un peu moqueur:

Zèle mal placé? Bon d'accord c'est vrai, j'ai déjà tué pas mal de types, mais bon les circonstances étaient un peu différentes... Ne vous inquiétez pas, votre futur client est en sécurité avec nous.

Répondit-elle tout en désignant Tia d'un sourire.

Ho non, il ne se fera pas exploser la tête si facilement, croyez-moi... Sur 200 mètres dans une ruelle déserte, il faut vraiment être très très doué pour y parvenir, je vous assure. Je sais que dans le style malchance, Sev... Rogue est terriblement talentueux, mais bon à ce point j'en doute.

Puis avec un sourire, elle conclut:

Vous pouvez me faire confiance pour ça... je l'ai à l'oeil..

Petit extrès de son retour dans le monde des vivants, du point de vue de Ebène Graymes, sa fiancée avant qu'il ne traverse le voile...

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15 février 1999. Une date à marquer d'une pierre blanche dans sa vie sombre en général. Ce jour là, elle avait appris avec une stupeur plus que démesurée que son ex-amoureux Sirius Black était encore en vie. Bon sang, ça faisait deux ans et demi qu'il était censé être mort! Une grande majorité de l'ordre du Phénix (dont malheureusement elle n'était pas... Sinon avec oh quelle joie aurait-elle explosé la cousine de Black, Bellatrix...) l'avait vu passer à travers le Voile de la Mort, autrement dit par définition un truc dont on ne sort pas... Or là on venait de le revoir en liberté, marchant vers sa demeure du 12 Square Grimmaurd. Le passant qui l'avait vu avait immédiatement alerté médias et tout le tintouin comme quoi le dénommé Black, Sirius, évadé d'Azkaban (dans laquelle il a passé douze longues années) mais innocenté avec un retard considérable, était bel et bien vivant; et qui plus est en bonne santé relative. Ce qui évidemment avait fait un joli article des gros titres dans la Gazette du Sorcier.

Immédiatement (bien que ce ne soit pas dans ses habitudes habituelles), elle s'était ruée vers la boutique du libraire, et avait acheté le journal. La lecture l'avait sidérée... Et elle n'osait qu'à moitié y croire pourtant. Après tout, Skeeter avait la terrible réputation de mentir sur 3/4 de ses articles. Pourtant... Elle voulait croire que c'était réel. Que Sirius était revenu d'entre les morts aussi incroyable que cela puisse paraître au premier coup d'oeil. Après tout, depuis le temps qu'il avait disparu... Et maintenant que Severus avait disparu à son tour... Sa vie était devenu un véritable désert, à peine égayé par quelques cactus: un verre ou deux dans une boîte, une ou deux soirées gothiques où elle jouait parfois les aguicheuses rien que pour se distraire (hé oui, aux yeux des gothiques, elle était plutôt belle), où elle jouait parfois en compagnie de sa bande d'amies. Du metal, du hard-rock, du rock gothique... leurs vieilles chansons... Ecrites à Poudlard, pour la plupart. Poudlard... Que de bons souvenirs...

Elle laissait son esprit s'égarer, là, constata-t-elle subitement alors qu'elle se surprenait à penser à sa scolarité à Poudlard. Severus... le professeur de potions froid, l'homme désagréable par excellence, la chauve-souris des cachots... NON! Ne pas penser à Severus. Ce sujet la blessait encore bien trop grandement... Et de plus elle vivait depuis sept mois environs dans la pire des incertitdes à son sujet: mort? L'était-il vraiment? Pouvait-il avoir survécu malgré les dires de Voldemort et du Survivant? Après tout deux disaient qu'il était mort. Le premier disait qu'il l'avait tué de sa main (ou des crochets de son serpent... plus exactement) le second disait qu'il avait assisté à son dernier souffle. Après tant de détails macabres pouvait-on encore se faire de l'espoir? Elle en doutait sérieusement. Probablement, au fond d'elle-même, elle savait qu'elle se faisait des illusions. Illusions douces selon lesquelles Severus serait encore en vie quelque part. Sa raison voulait lui crier la vérité à la face, mais ne parveniat pas à la raisonner...Elle voulait bien encore trop y croire... Après tout on n'avait pas retrouvé son corps... On pouvait donc toujours se permettre d'espérer... Espérer... Comme ce mot sonnait bizarre, maintenant... Alors qu'avant elle le prononçait dix fois par jour sans s'en rendre compte...

Comme elle avait fait pour Sirius, en fait. Lui non plus, quand on lui avait annoncé qu'il était mort, ne semblait pas décédé à ses yeux aveugles à la réalité. Elle l'avait attendu plusieurs jours en vain. Bien sûr... Puisqu'il était passé à travers ce maudit voile! Il ne devait donc pas survivre... c'était logique. Mais elle et la logique.... ça faisaient souvent deux... Donc...

Elle avait fini par accepter l'évidence. Avait réussi à ne pas sombrer dans la dépression, ou du moins pas dans la dépression explicite. Au fond d'elle même, certes, elle souffrait, mais elle tâchait de se montrer courageuse et solide à l'extérieur. Comme si elle suivait les traces de Severus sur ce chemin boueux et glissant de la dissimulation.

Elle s'était laissée glisser, ces temps là. Elle avait noyé son chagrin dans des tas de choses: ses missions, n'hésitant pas d'ailleurs à se faire massacrer (en espérant perdre la vie dedans?) sur tous les fronts; l'alcool et les soirées; elle avait même commencé à entretenir une relation platonique avec un Vampire, son futur chef des aurors. Relation qui n'avait jamais dépassé excellente camaraderie et soirées au restaurant (pour changer des boîtes de nuit et autres cryptes des soirées gothiques). Même pas la morsure (pourtant si jouissive pour son partenaire). D'ailleurs il était trop galant homme pour cela... il ne mordait que avec l'accord total de la dame.

Avec une impatience croissante, elle frappa à la porte du 12 Square Grimmaurd. Elle patienta quelques minutes sur le perron, priant Merlin et Morgane pour que la Gazette n'ait pas menti à ce sujet, lorsque la porte s'ouvrit. Elle resta bouche bée devant l'homme qui se tenait devant elle: pâle, les traits tirés et fatigués, vêtu d'un simple T-Shirt moulant et d'un jeans noir, se tenait Sirius Black. Elle lui sauta au cou.

Sirius! .

Petit extrès de Bien au chaud dans une cellule... entre Ebène Graymes, Erik Lancaster, Severus Rogue et Tia Shackelbolt

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Une heure... Oui oui, une heure à faire la queue pour prendre quelques malheureux cafés! Elle n'avait pas l'habitude d'y aller à cette heure-ci, justement pour éviter les embouteillages mais là, la situation était telle qu'elle ne pouvait pas faire autrement! Et vas-y que j'te pousse parce que je suis pressé, et vas-y que je te marche sur les pieds, et vas-y que je te renverse mon chocolat bouillant dessus...

Bref, allez chercher un café n'avait pas été la plus judicieuse des idées de Graymes jusqu'à présent! Et tandis qu'elle la maudissait elle et tous ses gens, elle arriva enfin devant le distributeur. Elle essaya de se souvenir de la commande qu'elle devait aporter: un thé camomille-miel pour Benny, un thé jasmin-rose pour Tia, et un café noir bien serré sans sucre pour Rogue. Si jamais elle était viré du Ministère, sûr qu'elle se reconvertirait en serveuse dans son bar préféré!
Bien décidée à prendre tout son temps juste pour emmerder ceux derrière elle et leur faire payer pour ceux qui était passés avant elle, jusqu'à ce qu'elle aperçoive au loin une forme bien familière: leur redouté et vénérable patron! Mister Lancaster en personne nous faisait actuellement l'honneur de se balader dans les couloirs parmi les simples mortels... Tiens tien tiens!

Tia ne pu s'empêcher de le suivre du regard... Mais? Il n'allait quand même pas? Si? Si... Il se dirigeait tout droit vers la salle où les deux jeunes femmes avaient entre-posée Rogue. Aïe Aïe à tous les coup il allait leur passer un de ses savons pour elle ne savait encore quelle raison! Elle embarqua un café de plus sur la route en espérant rattraper son patron avant qu'il n'arrive là-bas et détourner son attention avec du café, mais il était trop rapide. En un tour de cape il avait disparût au détour d'un couloir!

Cours ma fille, cours! Ce vampire était digne de la légende! En une envolé de cape il s'était évaporé dans un détour sombre comme une chauve-souris!Essoufflée, elle arriva devant la porte de la... cellule?(Cellule bien confortable comparé à celles d'Azkaban si vous voulez son avis! Heureusement que le Ministère possédait ce genre d'endroit! Il en avait de la chance le Severus!) Un bout de cape noire s'engouffra dans l'ouverture mince de la porte et le coeur de Tia s'arrêta! Elles venaient d'amener l'un des sorciers les plus recherché du pays dans l'enceinte du Ministère sans l'avoir au préalable prévenue et, par on ne sait quel miracle, il avait été informé!
Elle colla discrètement son oreille contre la porte pour essayer d'entendre si elles allaient mourir tout de suite où si elles avaient encore un peu de répit. Mais elle n'entendait que des marmonnements indistincts, parmi lesquels elle reconnut la voix de Graymes! Apparemment elle était encore en assez bon état pour parler, Tia pouvait donc se risquer à entrer dans la chambre sans trop de risque. Son plateau-boisson et elle poussèrent doucement la porte mais le temps que ses yeux s'habituent à l'obscurité, elle se prit les pieds dans la cape traînante de son patron et glissa pour effectuer un magnifique vol plané et retombé sur les fesses avec autant de grâce qu'une baleine.
Elle n'eut que le temps d'apercevoir les mines stupéfaite qui l'observait que chaque tasses attérirent sur la tête , pas forcément respective , de chacun des occupant. Aussi, Benny eut droit à un thé au jasmin, Severus au thé d'Ebéne, Lancaster au café de Rogue et Tia à celui de Lancaster.
Boulette, vous avez dit boulette?
Tia souleva délicatement la tasse et écarta quelques mèches imbibées de café qui pendaient mollement devant ses yeux qu'elle n'osait pas ouvrir de peur de voir le café s'évaporer de la tête de son patron tellement il devait fulminer de rage!

PS note de l'admin : voyez le sérieux de nos Aurors...^^

Petit extrès de Bien au chaud dans une cellule... Point de vue de Severus Rogue, entouré de Ebene Graymes et de Erik Lancaster.

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Severus fut bien tenté de retourner sa mauvaise humeur contre Ebène, qui ne cessait de tenter de le calmer à grand renfort de bises et autres cajoleries qu'il tolérait sans complexe en privé, mais qui commençaient à lui porter sur les nerfs à force de les exhiber aux yeux de tous. Il avait une image de marque à garder, une réputation qu'il s'était forgée au fil des ans, et voir le grand Severus Rogue, ancienne terreur des cachots, ainsi cajolé par une glue perpétuelle appelée Ebène Graymes, qui n'était aurre que sa soeur de coeur, mais aussi une Gryffondor portant son coeur en bandoulière, ce devait être bien... amusant, pour ne pas dire plus. sa répiutation d'être abject sans coeur en prenait alors un grand coup. Et il n'était pas bien sûr de parvenir à la relever pa la suite, si elle continuait ce jeu-là. car, pour être franc, il y tenait à sa réputation. Sa carapace devrait-il dire plutôt. La forteresse infranchissable qu'il avait forgé entre le monde et lui, afin de mieux se protéger, et dont il ne donnait l'accès qu'à quelques rares privilégiés. Dont Ebène.

Encore fallait-il qu'elle n'abuse pas outre mesure de ce privilège justement... Sa patience, qui avait déjà été bien malmenée par le thé offert si tonksiennement par la jeune auror, était à deux doigts de voler totalement en éclat face aux tripatouillages de cheveux qu'Ebène lui réservait. Il tenta alors un avada du regard envers la jeune femme qui le malmenait de la sorte... mais celui mourut bien vite quand il croisa les ébènes de la jeune femme. Non, il ne pouvait guère la réprimander. Elle semblait si... soulagée... soulagée de le revoir sain et sauf... ou presque... du moins vivant. Et lui aussi était soulagé de la revoir vivante et en plein forme, du moins physiquement... Il ne l'avit pas vu depuis si longtemps et surtout ne lui avait pas vraiment parlé depuis tant de mois... de longs mois... bien avant cette bataille finale qui avait vu la fin de si lourdes ténèbres... depuis la mort d'Albus en fait.

Il ne voulait donc pas gaché ces retrouvailles, quelque peu entachées déjà par le peu d'intimité dont ils pouvaient profiter, en ralant après Ebène pour de telles futilités. Qu'elle en profite un peu, qu'elle le caline, si posisble de façon un peu moins étouffante ou un peu plus discrète, un peu moins maternelle, et un peu plus fraternelle aussi, qu'elle lui emmêle les cheveux si ca lui disait... tant qu'il était un tant soit peu disposé à lui laisser faire ce qu'elle voulait... il lui laisserait, pour cet instant, tout faire de lui, dans le limite de la décence.

De toute façon, la jeune auror était déjà partie et ils n'étaient plus que tous trois. Il doutait alors que le digne vampire s'amuse à leur faire un quelconque chantage contre les simagrées de sa jeune subordonnée envers son frère de coeur, n'est-ce pas? Ce n'était pas son style. pas du tout. Du moins, Severus l'espérait fortement... Il ne risquait donc plus grand chose pour l'heure. Il retint donc les sarcasmes cinglants qui avaient menacé de lui échapper, préférant les garder pour lui afin de ne pas blesser son Ebène inutilement, pas alors qu'ils venaient tout juste de se retrouver... et alla même jusqu'à adoucir quelque peu son regard. Certes, une pointe de reproche devait encore perler de ses orbes noires, mais elle devait être estompée par la soudaine teinte d'affection qui venait d'illuminer ses prunelles de jais.

Il la regarda se lever, toujours sans un mot, soudain calmé par ce simple échange de regards qu'il avait pu avoir avec elle, et la laissa s'éloigner de lui, bien qu'à regret. Il aurait tellement voulu qu'elle reste là, avec lui, seuls à seuls.. ou totu simplement qu'ils restent tous deux, seuls, au chaud, ailleurs... à Leicester par exemple. Eventuellement sous le sourire bienveillant du vieux mage... Quoique que non, rectifia-t-il rapidement. Mieux valait sans le vieux mage. Pour être tout à fait honnête, il ne se sentait pas encore prêt à faire face à Ephemera. Pas maintenant. Ni jamais en fait. Il ne se sentirait jamais vraiment prêt à faire face au vieil homme, alors qu'il avait tué, soit disant de sang froid, son ami de toujours.... ET Ebène avait beau lui assurer qu'Ephemera savait tout... Quand bien même, se retrouver en face de ces yeux perçants le mettrait sacrément mal à l'aise. Comment était-il censé réagir? Il n'en avait aucune idée. Dans le doute, il préférait donc éviter une telle situation. En bon Serpentard qu'il était...

- Oui, Ebène, répondit-il presque tel un automate alors qu'elle lui commandait toute seule sa boisson.

Prenant déjà les directives qui s'imposait, selon ses critères à elle, pour sa santé à lui... Une vraie mère poule, vous dis-je.

Et elle partit, le laissant seul, face à face, avec Lancaster... Son sauveur... Ce si mystérieux sauveur. Severus voulait savoir... il voulait savoir pourquoi, comment, il voulait que l'homme lui raconte le tout. Il voulait le harceler de questions... comme lorsqu'il s'était réveillé après un si long coma... Mais pas maintenant. Non, pas maintenant. Il ne se sentait plus vraiment d'attaque d'obtenir tant de réponses possiblement éprouvantes pour tout dire. Il était certes impatient, mais il ne se sentait pas la force de recevoir une autre onde de choc.

Pas maintenant donc. Plus tard, si possible. ET Lancaster ne semblait de toute façon pas plus pressé que lui... donc...

- Nous devrons parler, fit-il enfin, rompant soudain le long silence qui s'était installé entre eux deux.

Un silence non gênant toutefois. En tout cas, pas pour ceux qui savaient savourer de tel silence. Comme Lancaster, et comme lui, visiblement...

- Mais... peut-être pourrions-nous attendre un peu plus tard? Un moment et un lieu plus approprié? Proposa-t-il d'une voix fatiguée et lasse.

Si las d'ailleurs, qu'il se laissa retomber en arrière sur ses oreillers et laissa ses yeux se clore, offrant alors à son esprit une obscurité bienfaisante et reposante... réparatrice, espérait-il.

- Je ne pense pas être apte à une quelconque discussion, pour ma part, concéda-t-il à offrir comme toute explication. Et en échange de ces quelques instants de repos, je suis prêt à répondre à toutes questions nécessaires par la suite.

Il s'engageait alors à beaucoup, il le savait, cet échange qu'il proposait pouvant trés bien se retourner contre lui. Mais il n'en avait que faire au fond de lui. De toute façon, les dés en étaient jetés maintenant. ET il n'avait plus la force de se battre contre les dés du Destin... un Destin qui s'était toujours amusé de lui, et qui semblait encore vouloir jouer avec lui... un destin aux dés traîtres et mesquins, qui ne lui avait jamais offert la moindre chance, comme il se complaisait à le croire.

- Alea jacta est, souffla-t-il alors dans un murmure à peine audible alors que Morphée l'emportait doucement vers des contrées lointaines et oscures.

Point de vue de Severus Rogue, qui vient de se réveiller et voit sa famille de coeur à son chevet, Aleister Ephemera s'apprêtant à le soigner.

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- Bonsoir médicomage, fit-il alors d'un air morne et d'une voix rauque, d'avoir trop longtemps garder le silence.

L'appellation médicomage servant bien entendu à faire comprendre qu'il n'était pas dupe et qu'il avait parfaitement compris pourquoi Ephemera était là exactement. Pour accomplir son devoir, tout simplement, ni plus ni moins. Son devoir de médicomage. En espérant, pensa soudain Severus, qu’il n’aurait pas ensuite à accomplir son devoir de membre du Magenmagot... Ephemera était-il encore du Magenmagot? Faites... faites que non, souffla une petite voix limite paniquée dans l’esprit de l’ancien espion. Faites que non.. Ou il risquait de ne pas y survivre, de ne pas le supporter... Être jugé par lui, par cet homme, qui avait si souvent été à ses côtés, et qui lui avait tant appris, tant donné? Être jugé par lui, par cet homme qu’il avait dû tant décevoir et à qui il avait arraché son plus vieil ami? Non, Merlin non, faites que non, qu’Ephemera ne soit plus du Magenmagot, et surtout, surtout, qu’il ne soit pas de son procès...

Qu'était-ce cette soudaine lueur qu'il venait d'entre-apercevoir dans le regard du vieil homme? De... de la peine? Non... N'est-ce pas? Ce ne pouvait être... Et aussitôt Severus s'empressa de chasser cette idée qui n'avait pas lieu d'être. Mais avant même qu’il ait le temps de mieux approfondir cette possible question, il sentit quelqu’un lui soulever précautionneusement la tête et lui faire avaler une potion. Ebène, bien entendu. Il se laissa donc faire. De toute façon au point où il en était, cela ne pouvait être pire, alors... Et trés rapidement ses anciens sens de maître des potions reprirent le dessus alors que le goût aigre et amer de la potion lui chatouillait les papilles. Potion analgésique, identifia-t-il rapidement. Une potion qui déjà s’insinuait dans son corps et commençait à faire effet. Bien plus efficace en tout cas que les remèdes moldus dont il avait usé jusqu’à maintenant...

Ebène s’attaqua ensuite à sa blessure, cette fameuse blessure causée par ce maudit Nagini de malheur... Comme la veille, ses gestes étaient empreints d’une tendresse et d’une délicatesse presque révérencieuse, comme si elle manipulait quelque chose de précieux, ce qui ne manqua pas de toucher Severus, malgré tout ce qu’il pouvait chercher à nier. Pendant un bref instant, alors qu’elle lui appliquait l’onguent avec une application extrême, il eut l’impression qu’ils étaient seuls, là, tous deux, dans cette étroite cellule, censée être cellule de luxe, et il ne put détacher son regard d’elle. Ce ne fut que quand elle lui remit un pansement, tout en lui prodiguant une douce caresse sur la joue, qu’il revint lui-même à un semblant de réalité. Et qu’il réalisa qu’ils n’étaient pas seuls...

Par Salazar! Et Dolohov qui avait tout vu! Mais que faisait donc ce gamin dans sa cellule, par tous les chaudrons bouillants?! Que faisait-il donc là? Il pouvait assurer, aussi sûrement que s’il devait réciter la recette d’une potion de première année, que le gamin n’était ni auror, ni brigadier, ni d’aucune autre section de sécurité du Ministère... Non pas que les autorités ministérielles soient d’une quelconque façon méfiantes au sujet d’un fils de Mangemort, de toute façon, bien évidemment, que Merlin les en garde, ironisa-t-il sans pouvoir s’en empêcher... Donc non, le garçon n’était pas là pour pouvoir garantir une quelconque sécurité au vieux fou qui était venu à son chevet. La sécurité du vieux mage avait sans doute été confiée plutôt à la jeune auror qui venait juste de lui prodiguer ces quelques soins. Alors pourquoi donc, que Salazar daigne lui répondre, le gamin était-il donc ici? Une visite de courtoisie peut-être pour lui donner le bonjour de son paternel? Ironie quand tu nous tient... Le père de Dolohov devait certainement soit croupir à Azkaban, soit se terre dans un trou en cherchant à échapper à la traque acharnée dont il faisait l’objet...Alors pour le bonjour, on repassera.

Severus darda encore un long moment le jeune homme de son regard noir perçant, comme s’il cherchait, en le scrutant ainsi, à trouver les réponses à ses questions... Réponses qui ne vinrent pas. A son plus grand malheur. Et n’y tenant plus, il se décida enfin à les poser à haute voix.

- Que faites-vous là?

La question était en fait adressée à Ephemera, bien que Severus n’avait pas osé croiser de nouveau le regard du vieil homme et qu’il ne le regardait pas. Il était bien décidé à fuir ses perles émeraudes aussi longtemps que cela lui serait possible.. et aussi longtemps qu’on ne l’obligerait pas à regarder le vieil homme en face.

- Et que fait-il là? Ajouta-t-il rapidement, en désignant d’un signe de tête le jeune ex-Serpentard qui les avait observé jusque-là d’un air semi-rêveur.

Aucune animosité particulière dans sa voix. pas encore... Juste... Juste son ton froid et glacial habituel, de ce ton qu’il usait quand il était professeur à Poudlard...

Point de vue d’Ebene Graymes, tentant de rassurer Severus Rogue au sujet de son procès..

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Si la perspective du procès ne réjouissait en aucun cas Severus, ce qui d'ailleurs était parfaitemment compréhensible (qui aimerait entendre des nouvelles du procès qu'on lui prépare je vous le demande!), il ne réjouissait pas du tout non plus la jeune soeur de celui-ci... En effet, Ebene avait beau tenter tout ce qu'elle pouvait pour essayer de rassurer Severus concernant son procès et l'équité dont il bénéficierait, autrement dire que c'était perdu d'avance: d'abord, personne n'était jamais parvenu à totalement rassurer un Rogue excessivement (qquoique...) anxieux, même pas elle. Et pourtant, Merlin sait qu'elle avait essayé... à de nombreuses reprises, dans le passé, même. Malheureusement, elle n'avait jamais obtenu, à son plus grand désespoir d'ailleurs, de résultat probant. A se demander pourquoi... si la réponse n'était pas évidente: l'ancien Serpentard, non content d'être parfaitemet capable de déprimer pour un oui pour un non, avait de plus la fâcheuse manie de tout porter à l'exagération. Et elle, hé bien elle était coincée, puisque si lui pouvait exagérer sans trop de problèmes, elle ne pouvait certainement pas en faire autant sous peine de se retrouver vachement compromise. Or, ce n'était pas son but premier, loin de là!

Tout ce qu'elle pouvait se permettre de faire, c'était de tenter de lui remonter le moral avec des paroles réconfortantes... vous savez, là, ces mots sans trop de queue ni de tête; des mots qu'on disait et qu'on dit toujours aux gens qu'on aime pour les réconforter et leur témoigner notre amour... Ce genre de paroles qui, depuis longtemps, depuis le début en fait, n'avaient pour ainsi dire aucun effet sur Severus. Enfin, avoir un tout petit peu d'effet valait mieux de ne pas avoir d'effet du tout. Ou du moins, c'était son avis... personne n'était obligé de penser comme elle, hein! Et bien entendu, ces mots là, ces mots qu'elle lui avait murmurés pendant dix-sept ans par intermittences certes, mais tout de même au total ça faisait beaucoup, ces mots n'avaient plus aucune incidence sur Severus pour l'instant, excepté le fait de lui faire comprendre que sa Gryffondor de soeur avait vraiment un sacré grain...

Alors, elle avait renoncé aux paroles réconfortantes pour l'instant, et, ne sachant pas quoi dire, elle jugea meilleur pour tous de se taire. Au moins, en se taisant, elle ne risquerait pas de commettre la moindre erreur...Et puis, elle continuait à garder le bras autour des épaules de Severus, en un signe de tendresse et de soutien, alors qu'elle ne laissait plus aucun son s'échapper de ses lèvres maquillées, préférant à parler le fait d'écouter le fait d'écouter elle-même Severus respirer, son coeur battre... trop vite. Enfin bon, ce n'était pas étonnant, et puis elle ne s'étonnait plus de rien maintenant... Elle avait pris l'habitude, et elle ne se doutait que trop bien qu'après une arrivée en fanfare, une crise de maladie et quelques émotions, Severus aurait un peu de mal à se reprendre. PEut-être même pas qu'un peu, d'ailleurs... enfin bon. Il fallait bien lui laisser le temps, aussi, non?

Néanmoins, sentant le coeur qui était contre le sien battre un peu trop vite à son goût, pour ne pas dire beucoup trop vite, elle profita du fait qu'elle enlaçait Severus pour le redéposer dans son lit, bien confortablement... mais, ne sachant que trop bien à quel genre de rébellion éhontée ça pouvait mener venant de son frère de coeur, elle préféra y aller lentement, doucement, calmement, posément... et le redéposer tout gentiment dans son lit avant de le recouvrir. Elle lut pourtant la colère, ou quelque chose qui tâchait d'y ressembler, dans les yeux de Severus. Pourtant, elle n'en tint pas compte et se contenta de sourire, tout aussi imperturbable qu'il lui était possible dans ce genre de situations. Et ce fut à ce moment là qu'elle entendit la question de Severus... "qui"... qui serait présent à son procès? Bonne question, tiens... mais voilà, elle n'en avait "aucune" (ou plus exactement presque aucune) idée... du coup, c'était une question à laquelle elle avait bien du mal à donner réponse comme il le fallait! Certes elle savait bien quelles ou quelles personnes y seraient ou pas, ou du moins étaient supposées y être ou pas, mais rien de définitif! Du coup, elle réfléchit un petit peu, bien tranquillement, avant de formuler une réponse un peu hésitante certes, mais une réponse tout de même.

Hé bien... Maître Ephemera sera président sorcier du Magenmagot, ça, tu le sais... il y aura aussi... euh... moi, bien entendu, et dans les aurors probablement la soeur du Ministre, soit Tia, et quelques autres... Erik Lancaster bien entendu; et sa parente Katharina, la sous-secrétaire d'Etat. Kingsley Shacklebolt bien entendu. Les Gryffondor de cette promotion ci, soit Potter et ses deux amis... Les Malefoy, je pense, du moins Lucius... peut-être quelques autres mangemorts, du moins ceux qui ont survécu. Le professeur McGonagall sera là, bien entendu, ainsi que quelques anciens enseignants, comme Horace Slughorn. Sirius Black... je pense... un échantillon des élèves que tu as eu à Serpentard. Le procuromage... je ne sais pas, ce sera soit la blondâsse de Serdaigle...

[color=violet]Ne parlez pas ainsi, ma fille..., réprimanda alors Ephemera, tandis qu'Ebene rougissait alors...

Euh enfin je veux dire, Ann Elizabeth Cardwell; soit, si elle concrétise son projet de se retirer de l'affaire, Mary Leopoldine Frances, "Fran", Chapell... je pense que tu la connais, c'était une Serpentard que tu as connue à Poudlard, et que j'ai connue aussi... pas très très gentille, mais compétente. Donc, si on reprend la liste... dans le Magenmagot, il y aura: Maître Ephemera, le ministre Shacklebolt, Erik et Katharina Lancaster...en ce qui les concerne, c'est sûr et certain. Pour le reste, je ne sais pas vraiment... Quant à la procuromage, probablement Chapell. Niveau témoins, toute une brochette des gens que tu as connu: aurors, mangemorts, collègues, professeurs, élèves, condisciples de classe,... je pense aussi que le Président du conseil des potionnistes sera là... maintenant, va savoir pourquoi... enfin bref. C'est relativement panaché à ce niveau là...

Quant au fait de faire le procès demain... mais ça va vraiment pas la tête, mon vieux, là? Sérieusement... il faudrait voir avec un médicomage qualifié! Parce que ça devenait légèrement inquiétant...
Ebene posa alors doucement sa main sur le front de Severus, et le regarda droit dans les yeux. Pas question de le laisser couler comme ça sans le retenir, c'était contraire à ses principes!

Non, ils ne le feront pas demain. Simplement parce que tu n'es pas en état de comparaître avant un certain temps, et que les témoins ne seront pas disponibles, ce qui est gênant... Ne me dis pas que tu n'as pas envie de tenter ta chance de te retrouver libre! Que tu ne veux plus te battre maintenant que la guerre a touché à sa fin! Que maintenant que tout est fini avec Voldemort, tu vas décider de te laisser aller! C'est contraire au Severus que je connais, ça... pour une fois dans ta vie, laisse ton côté Gryffondor, car oui tu as un côté Gryffondor mine de rien, s'exprimer! Maintenant que tu peux te faire reconnaitre, tu refuses; toi qui as toujours rêvé de reconnaissance? Je ne te reconnais plus...

Point de vue de Severus Rogue à l’annonce de la mort d’Ann Elizabeth Cardwell

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L'air d'Ebene, à l'instant où elle entra dans la cellule, lui révéla que oui, il s'était passé quelque chose. Quelque chose de non seulement important mais aussi de grave. De trés grave même, si l'on en jugeait la mine défaite de la rouge et or, auror de son état, ainsi que son accoutrement dépité... et légèrement ensanglanté. Un rapide éclair d'inquiétude passa dans les prunelles sombres tandis qu'il scannait sa soeur de coeur, lui permettant alors de constater, avec un certain soulagement, que le sang qu'elle portait n'était pas le sien et qu'elle ne semblait présenter elle-même aucune blessure notable. Aucune blessure gravissime du moins. Un bon point déjà. Ne restait plus qu'à entendre la mauvaise nouvelle. Car, pour qu'Ebene fasse une telle mine pathétique et des plus déplorablement pessimistes, c'était que la nouvelle était pire que mauvaise encore.

Et soudain, son regard se porta sur ce que les doigts pâles et légèrement tremblotants de la jeune femme tenaient : une mèche de cheveux. Une mèche de cheveux blonds plus précisément. Un mauvais pressentiment l'assaillit alors. Une seule hypothèse lui vint à l'esprit pour expliquer le fait qu'Ebene débarque enfin en si mauvais état dans sa cellule... avec une mèche de cheveux blonds. Il était arrivé quelque chose à Ann... Il n'aurait su dire pourquoi cette certitude le martelait ainsi, mais il sentait que quelque chose était arrivé à Ann. Il ne connaissait que peu de blondes pour être honnête, encore plus, il connaissait trés peu de blondes au Ministère. Trés peu de blondes à qui il pourrait attacher un minimum d'importance, et au sujet de laquelle Ebene pourrait paraitre gênée d'annoncer à son frère de coeur une triste nouvelle. C'est pourquoi, abasourdi par ses simples conclusions, il se laissa faire sans trop rechigner quand Ebene le pria de s'asseoir.

Et, comme il s'y était attendu, le couperet tomba. Ann, disait-elle... Tuée.. par Dolohov père. Comme stupéfixé par cette révélation, qu'il avait pourtant déjà devinée à peine un quart de seconde avant que les mots ne le frappent si durement, il se ferma hermétiquement, n'entendant nul autre mot que ceux qu'il se répétait en son for intérieur comme une longue et lente litanie macabre : Ann tuée, Ann morte... Morte. Plus rien n'existait soudain que la douleur qui sourdait par vagues pulsatiles en lui, et qui éclata violemment, détruisant tout sur son passage. Plus rien d'autre n'existait que sa litanie, sa douleur, sa petite mort... Pas même les mots d'Ebene tentant de lui expliquer ce qui s'était passé plus précisément, pas même les yeux larmoyants et presque pleurants d'Ebene. Pas même le regard peiné et étrangement gêné d'Ephemera... Le monde s'était comme volatilisé autour de lui, rendu invisible par la traitresse souffrance qui lui déchirait le coeur comme jamais il n'aurait cru possible. Et bien vite rendu invisible par la rage folle et âpre qui le submergea sans crier garre et sans qu'il ne fasse le moindre effort pour la retenir.

Rage qui éclata trés rapidement, comme de bien entendu, dévastant tout sur son passage. A la fois d'un point de vue intérieur, Severus sentant toute raison, toute autre sentiment, s'effacer sans concession devant la colère foudroyante qui le ravageait, et d'un point de vue extérieur... alors que le maitre des potions se levait brusquement et se mettait à rugir tel un lion partant en guerre. Guerre, oui, guerre.. Guerre contre la mort, contre la fatalité, sinistre fatalité qui semblait sans cesse vouloir le frarper, lui et les siens, de son funeste sceau morbide. Guerre contre l'assassin fourbe et traitre qui avait frapé de la sorte l'être aimé... Guerre contre le Minsitère, incapable qu'il était, encore et toujours, à lutter contre les ennemis qu'ils soient internes ou externes... Guerre contre tout et rien, contre le monde entier, qu'il soit moldu ou sorcier. Guerre contre lui-même aussi, lui-même qui portait cette terrible malédiction, dont il n'était toujours pas parvenu à déterminer l'origine.. malédiction qui contaminait ensuite tous ses proches, tous ceux qui osaient l'approcher et qu'il osait toucher de trop près... Guerre. Seul mot alors qui le maintenait debout. Guerre!

Et tout ce qu'il trouva sous sa main y passa, commencant par la petite table qui valsa violemment contre les grilles magiques, puis le lit, qu'il parvint, il ne sut où il trouva la force d'aillleurs, à soulever et à fracasser contre le mur, un des pieds se rompant dangeuresement sous l'impact. Il sentit même, à un moment donné, son poing s'abattre contre quelque chose, la douleur lancinante de l'impact le vrillant momentanément tout le long du bras. Qu'avait-il frappé au juste? Il n'en savait rien... Le mur? Ephemera? Ebene? Aucune idée... Et c'était présentement le cadet de ses soucis, le monde extérieur n'existant plus vraiment pour lui.

Puis... Plus rien. Un vide. La rage retomba aussi rapidement qu'elle était apparue, tandis que, à bout de force, Severus s'arrêtait enfin dans son oeuvre destructrice, vacillant, haletant, en sueur... et le coeur en miettes. Pire qu'en miettes même. En cendres. Les cendres, que la perte de Lily avait laissé, semblaient soudain finir de se consummer pour ne laisser plus rien dans leurs sillages. Plus rien. Il n'était plus rien. Toutes celles qu'il avait pu aimer étaient parties, le laissant.. seul... avec lui-même. Horreur. Douleur. Vide. Incommensurable vide indescriptible et terriblement désolant.

Un bout de bois, formant comme un pieux, sombre éclat du pied du lit qu'il avait brisé contre le mur, capta brusquement son regard... Il s'en empara alors vivement... et s'apprêtait à se l'enfoncer en plein coeur, histoire d'en finir enfin au plus vite de cette vie de non sens, quand il sentit quelqu'un, ou plutôt quelques uns, le plaquer durement contre le mur, ravivant soudain la douleur physique que sa rage avait fait taire momentanément, et lui plier le bras tenant le pieux dans le dos, jusqu'à presque le lui briser... et lui faire lacher le maudit bout de bois. Bout de bois, traitre qu'il était, incapable de remplir son office... A savoir faire taire la douleur qui sourdait en lui. Il tenta de se dégager... en vain. Et sans préavis, s'effondra... sans autre forme de procès... inconscient.

Point de vue d’Aleister Ephemera lors du lancement du procès de Severus Rogue

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Onze mars 1999. Une date à marquer dans l'histoire de la magie, semblerait-il aux yeux du monde... Une date à laquelle nous allions avoir, nous, membres du Magenmagot, l'insigne honneur (si l'on peut nommer cela ainsi) de juger l'un des mangemorts réputés les plus tenaces, j'ai nommé le grand et fameux Severus Tobias Rogue, Maître des Potions et Professeur de Potions à Poudlard de son état. Poudlard dont il fut un an le directeur, au passage. Mais ce n'est là qu'un détail d'importance capitale pour la suite... pas pour le présent. Aussi devrais-je en revenir aux faits tels qu'ils me sont exposés ici. Tels que moi, Aleister Ephemera, vais avoir à les exposer devant la cour de justice de temps en temps... Lorsque viendront les moments des fameux debriefings, lorsque nous aurons à rendre la justice la plus juste possible. Enfin, je l'espère. Mes condisciples sont certes réputés justes, mais je ne les crois pas vraiment insensibles à quelque pot de vin. Que voulez-vous, c'est là la fougue de la jeunesse...

Quoi qu'il en soit, je dois avouer que je n'aime pas cette perspective. Je ne suis pas juge, je n'ai été choisi que pour mon impartialité dite. Ma réputation me perdra, je le crains: je vais boientôt avoir à faire ce que tout maître de magie déteste en général avoir à faire, à moins d'être sérieusement accroché. Juger mon apprenti. Mon ancien apprenti, certes, mais mon apprenti tout de même. Un apprenti, quand bien même il a fait quelque chose de plus ou moins louche dans sa vie, reste un apprenti, et nous gardons, nous maîtres de magie, quelque attache envers ceux que nous avons formé. Quelque part, je ne peux m'empêcher de me dire que toute cette débâcle, c'est en partie moi qui l'ai causée. Je ne sais pas si le garçon était déjà engagé dans les rangs du Seigneur des Ténèbres, comme il le nommait si bien (ou si mal, tout dépend du point de vue à ce sujet), lorsqu'il est venu me voir en dernier recours. Peut-être que oui, peut-être que non, je l'ignore totalement. Oh, on m'en a peut-être touché un mot à un moment ou à un autre, mais à mon âge, tenter de tout retenir relève de la pure folie. Et il faut dire que je ne me prétends pas encore capable de relever un tel défi...

Mais cessons ce bavardage incessant et futile, voulez-vous? La circonstance ne s'y prête guère, en vérité, je dois bien l'avouer et le reconnaître... Nous sommes en passe de nous rendre à un procès, je me dirige inexorablement vers la fin de tout ce qui peut jusqu'à présent s'apparenter à un rôle d'humain, pour entrer dans celui des Juges des Enfers. Je ne me prétends pas divin, n'allez pas croire ce que je ne dis pas, mais je pense que quitter mon rôle de simple être parmi les autres êtres ne me convient pas: je n'ai jamais été un as en théâtre. Je n'aime pas la comédie, pas quand c'est moi qui la joue. Et je prends ces procès comme de la mascarade. Une mascarade bien organisée, certes, qui est belle à voir et tout et tout, mais... mais une mascarade malgré tout, je pense que tout ceci est suffisamment explicite, non? Juger, jouer au petit cadi, c'est bien digne d'enfants, mais pas d'un homme qui à ce niveau là n'a pas fait de réelles études de droit... Je ne me sens donc pas vraiment placé pour rendre ce genre de jugements. Mais je suis un Gryffondor, je ne vais tout de même pas baisser les bras n'est-ce pas? Et quand bien même le bât blesserait-il, que je ne pense pas céder: ces derniers mois, j'ai joué ce même rôle de juge impartial. Une tâche qui me va d'autant mieux que je ne connais pas, ou si peu, celui ou celle qui est sur le banc des accusés.

Mais là, la situation est toute autre, le cas est tout à fait différent, et c'est là que se situe à mon sens le problème: ma situation n'est pas impartiale lorsque c'est mon ancien apprenti que j'ai à juger. Je ne peux pas le juger impartialement, lorsque je sais ce que le monde sorcier ne sait pas, lorsque je sais tout ce qu'il a fait dans l'ombre devant mes yeux et dans le dos du reste du monde. Je ne peux pas l'accuser du meurtre d'Albus lorsque je sais la vérité de la bouche de ce même Albus, qui me l'a dit bien avant sa mort, au passage. Que puis-je faire? Démissionner? Jamais. Je m'efforcerai d'arriver à quelque chose de potable, tout simplement. Et je ne suis pas le seul dans cette possible situation embarassante, au Magenmagot. Tout ce qu'il me reste à espérer maintenant, c'est que tout se passe plus ou moins bien. Je ne sais que trop bien que mon ancien apprenti ne tiendra pas le choc d'un emprisonnement ou de quelque chose du même genre. Je ne sais que trop bien que le choc que lui a causé la mort de celle qu'il aimait, assassinée il y a peu dans un crime des plus incroyables qui soient. Je ne sais que trop bien tout cela. Je ne sais que trop bien, en conclusion, que ce procès va être difficile.

Mais je l'assumerai. Comme j'ai assumé les autres, comme j'ai assuré les autres, sans faillir aux tâches qui me sont confiées.

La porte de la salle d'audience est à deux pas. Je la pousse, et je rentre dans la pièce où se tiendra ce fameux procès, suivi de l'entièreté des membres du Magenmagot. Ils ne sont pas très nombreux... une petite dizaine, je pense, cela change bien de l'habitude. mais la dizaine ici présente, je suis quasiment assuré de sa fiabilité, et c'est ce qui me rassure le plus: pas d'influence pernicieuse et serpentarde dans le coin à la sauce Malefoy. Je vois s'asseoir sur sa chaise la procuromage Chapell, je vois se mettre dans les rangs du jury les membres du magenmagot, dont notre ministre Kingsley Shacklebolt. Le public entre. L'accusé entre à son tour, et je le vois, entouré des aurors... dont Ebene. Les portes de la salle se ferment. Je me lève alors, et déclare d'une voix neutre:

Mesdames, mesdesmoiselles, messieurs, la séance est ouverte.

Point de vue d’Aleister Ephemera lors du lancement du procès de Severus Rogue

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Le grand jour venait d'arriver, et Ebene pouvait vous garantir en toute franchise que la date ne la réjouissait absolument pas. Onze mars 1999. Au menu ce matin, pour le petit déjeuner, et le déjeuner aussi, procès de Severus Rogue. Enfin, ouverture du procès... Bien que beaucoup en aient déjà parlé, entre autres dans la presse, bien que beaucoup de convictions, souvent peu favorables à son frère de coeur, aient été exposées, hé bien... hé bien rien n'était encore joué, mais tout allait justement se jouer maintenant. Oh joie. Que n'aurait-elle pas donné pour ne pas être là, pire encore, pour ne pas être de faction et avoir à escorter son propre frère, soit l'accusé, en tant que défense! Certes, cette position lui permettait d'une certaine manière de manifester un certain soutient, au propre comme au figuré, à Severus tout en ayant l'air de n'accomplir que son devoir, mais... mais elle maudissait néanmoins en son fort intérieur Erik Lancaster et sa foutue manie de la mettre dans l'embarras à chaque fois que l'occasion se présentait. Ah, lui et ses soi-disant idées révolutionnaires! Maudit soit-il... enfin non, maudit, il l'est déjà... Qu'il crève! Ah non, c'est vrai, il est déjà mort... Enfin bon, c'est nul, quoi, on peut rien lui faire! Enfin, qu'importe...

Ebene menait donc, ainsi que cinq de ses collègues (Wellington, Jackson, Shacklebolt, et deux autres qu'elle ne connaissait que très peu et qui se nommaient Fylde et Ludlow), un Severus aux apparences plus ou moins acceptables pour le cadre d'un procès (tenue noire habituelle, maigre à souhait et pâle comme un cadavre) jusqu'au banc des accusés. Le genre d'endroits qu'elle détestait par excellence, pour avoir à maintes reprises failli y passer pour quelques unes de ses entreprises risquées. Le banc qu'elle détestait encore plus en sachant que c'était là Severus qu'on accusait, et qu'il y avait environ une chance sur deux qu'il s'en sorte libre... ou plus ou moins libre. L'idéal serait, à ses yeux, l'assignation à demeure, ou quelque chose du genre. Certes, elle savait qu'il serait plus que chanceux s'il s'en tirait avec une aussi petite peine, mais qui n'espère rien n'obtient rien non plus, en général. Quoique les chances d'obtenir ce genre de choses n'était pas vraiment des plus brillantes: Severus était coupable, à juste titre, d'appartenance au mouvement mangemort, il était coupable de meurtres (même si ces meurtres n'avaient pas été accomplis de gaieté de coeur), de fabrication de potions douteuses... bref, la totale! Et si avec ça l'on se permettait encore d'espérer, hé bien ma foi, on devait être bien optimiste! Ou bien niais, voire imbécile, au choix...

Son regard balaya rapidement l'assistance, alors qu'elle se tenait debout, en sa qualité d'auror, derrière Severus. En premier plan, bien en vue de tous, se tenait leur tuteur à tous deux, Aleister Ephemera. Celui ci leur accorda un très léger regard, plus vite dirigé vers elle que vers Severus d'ailleurs, avant de détourner les yeux pour les poser sur son rouleau de parchemin. Concentration oblige, mais aussi décence... il n'était pas bon trop jauger du regard un accusé avant de commencer le procès. Le regard d'Ebene se posa alors sur la suite du Magenmagot... Bien droit, bien fier dans sa robe de ministre, se tenait le cher Kingsley. S'il n'avait pas la place d'honneur en ce procès, il en gardait néanmoins une place de choix, et était assez proche d'Ephemera pour pouvoir lui adresser la parole sans le moindre souci. A côté de lui se tenait la sous-secrétaire d'Etat, et nièce de Lancaster, Katharina, qu'Ebene ne connaissait que parce qu'elle était l'épouse d'un de ses collègues. Ensuite, à la gauche de son tuteur, se tenait, raide comme d'ordinaire, masque sur la joue et air altier, sanglé dans d'élégants vêtements, le commandeur des Aurors, Erik Lancaster. Ebene se demanda un instant, tout en sentant indiciblement que le regard du vampire la transperçait, comment il se sortirait du mauvais pas dans lequel il s'était fourré en sauvant Severus des griffes de la mort. Ensuite venait, plus loin, au milieu d'un Magenmagot dont elle ne connaissait pas la moitié des participants, Dolores Ombrage, qui n'était guère appréciée. Sa présence dans ce procès ne manqua pas de stupéfier Ebene, mais elle se tint tout de même coite. Ses yeux passèrent rapidement sur Claire Ann Christopher comme sur Mary Smith, traversèrent le magenmagot. La place qu'occuperait cette rouquine en noir de Chapell était encore vide, et n'attendait que son occupante.

Les yeux d'Ebene voyagèrent rapidement sur le public... Sirius, qui allait être appelé comme témoin... son filleul, Potter, ce damné Potter... Potter, accompagné de ses amis. Lysle, dans le public, avec d'autres gens qu'elle ne connaissait pas. Minerva, toujours aussi guindée dans ses tenues austères. Nul doute qu'elle s'entendrait avec Chapell, tiens... Et le reste... Le reste, indicible reste qu'elle ne connaissait pas. A un bout de la salle, elle crut reconnaître les Malefoy. Eux aussi iraient témoigner, à un moment ou à un autre... D'autres Mangemorts allaient aussi sortir de leur austère cellule pour témoigner... pour, ou contre Severus. Tout dépendrait d'eux. Et enfin, elle. Elle qui était là, Merlin trop cruel ne savait que trop pour quoi, soit pour assister à la déchéance d'un frère, soit pour assister à sa libération. Ou un compromis entre les deux. Elle regarda légèrement sa dégaine. Tenue austère, tenue de parade en quelque sorte: elle portait, épinglées sur sa lourde cape de laine noire, les différentes médailles qui lui avaient été attribuées. Au reste, ses vêtements étaient simples: élégantes robes de sorciers à la victorienne, comme le voulait la tradition, et cape de laine.

La voix de son tuteur faillit la faire sursauter, et ce qu'il annonça mena le coeur de la pauvre Ebene à battre plus que la chamade. Le sort en était jeté, Alea jacta est comme aurait dit un moldu du nom de... Cules Jésar, elle pensait. Ou Jules César. Bref, un moldu, quoi...
La séance est ouverte.
Et la porte aussi.
Car par l'entrebaillure venait d'entrer, austère, Fran Chapell.

Point de vue d’Antonin Dolohov venant témoigner au procès de Severus Rogue

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Cela faisait plusieurs jours dès lors qu'il était emprisonné à Azkaban. Douce Azkaban, qu'il aurait préféré ne jamais revoir pour tout dire. Mais voilà... il avait pris un pari et joué gros, en voulant se venger de cette Cadwell et en infiltrant ainsi le Ministère. C'était de la folie pure, il le savait. Mais il n'avait pas pu laisser cet affront passer sans se venger et sans donner une bonne leçon à cette maudite procuromage. Certes, au final, le résultat serait le même, voire pire, à savoir Azkaban, sans aucune chance après ce meurtre d'y réchapper. Mais c'était toujours mieux que le baiser du détraqueur. Et au moins pourrait-il jouir dans sa prison d'une certaine réputation.

Bon, je vous l'accorde, une réputation une fois enfermé et affamé, subissant les quolibets des aurors, ne lui servirait pas à grand chose. Si ce n'est à redorer sa fierté souvent malmenée ces temps-ci. Mais que voulez-vous. Il n'allait de toute façon pas revenir sur le passé. Ce qui était fait était fait. Et non, il ne le regrettait nullement. Si c'était à refaire, à coup sûr, il le referait. Même sachant qu'il allait se faire prendre. Pour le Lord, pour lui, pour sa fierté, pour l'honneur de sa famille. Que tous ses Sang Mêlés et ces traîtres à leur sang périssent de sa main, s'il le pouvait. Et qu'on ne parle même pas des Sang de Bourbe qui n'auraient jamais dû voir le jour, jamais dû connaître l'existence de leur si noble monde sorcier... Rien que de songer que ces Impurs souillaient ainsi le monde magique l'écoeurait au plus haut point, et Dolohov n'avait qu'un seul espoir : que le Lord, ou un digne successeur, daigne reprendre la relève. Mais cela ne semblait pas pour demain la veille. En attendant, il allait devoir prendre son mal en patience.

Ce qu'il faisait plus ou moins difficilement dans son étroite cellule d'Azkaban. Certes, les détraqueurs n'étaient plus là pour leur prodiguer folie et désespoir. Mais la célèbre prison de sorciers n'en étaient pas plus luxueuses et confortables, bien au contraire. Il y avait toujours autant de vent frigorifiant, toujours autant d'humidité étouffante, la nourriture était toujours aussi immangeable, pour ne pas dire pire, et les cellules étaient toujours aussi vétustes. Voire carrément insalubles. Et non, il n'était pas sur le point de vouloir créer un club de défenses des prisonniers d'Azkaban à moins de vouloir reformer leur ancien cercle de Mangemorts, à quelques membres près, sous un autre nom. ce qui, pour sa part, ne le gênerait nullement, mais risquait d'être fortement mal vu.

Heureusement, il semblait que le Ministère ait décidé de lui fournir quelques autres distractions, comme ayant eu peur que l'inactivité lui donne des idées bien fort peu salutaires pour la paix de leur monde. Distractions qui n'étaient nulles autres que des convocations pour témoigner à de grands procès. Et comme grand procès, quoi de mieux que celui de Severus Rogue. Rogue, ce satané Sang mêlé, qui avait su, insidieusement, infiltrer leur rang pour mieux les trahir à la première occasion. Quand il disait qu'il ne le sentait pas ce Rogue... il avait eu raison. Mais non, comme toujours, on ne l'avait pas écouté, et on n'avait eu d'yeux que pour lui, soit-disant surdoué des potions. Certes, Rogue était extrêmement doué en potions et autres domaines sombres. Mais de là à lui donner une place dans le cercle intime des mangemorts... Pire même, de là à lui donner une place de quasi bras droit auprès du Lord... un scandale ! Si ça n'avait tenu qu'à lui... Mais voilà. Ca n'avait pas tenu qu'à lui justement.

Bref, le Ministère avait eu la bonne idée de le convoquer pour témoigner et Dolohov allait se faire une joie de répondre à cette convocation. Convocation de l'accusation qui plus est. ce qui était parfait : Rogue allait en prendre pour son grade. Dolohov allait se faire un plaisir de relater, décrire même, tous les crimes qu'il avait vu le Maître des Potions commettre en tant que Mangemort. Ne comptez surtout pas sur lui pour parler de traitrise envers le Lord ou quoique ce soit qui puisse ensuite disculper Rogue. Que du contraire. Il était hors de question que ce sale Sang Mêlé s'en sorte. Il allait rejoindre Azkaban, Dolohov s'y emploierait du mieux possible. Et espérait qu'ensuite le surdoué des potions se retrouvent ensuite dans la cellule voisine, histoire de prolonger un peu les festivités...

C'est sur ces charmantes pensées, un rictus hautain et un brin carnassier, que Dolohov pénétra dans la grande salle d'audience, flanqué de trois aurors comme toute escorte. Presque jaloux toutefois quand il constata que Rogue avait eu droit à plus d'aurors que lui. A croire qu'on ne le croyait pas assez dangereux ! Il avait pourtant réussi à infiltrer le Ministère, à passer les barrières de sécurité et à tuer un procuromage en plein Ministère non ? Un comble ! Et on considérait Rogue, maigre comme un clou, et visiblement en bien mauvais état, plus dangereux que lui ? Honteux ! Vraiment insultant même ! Sous le choc de ce qu'il considérait alors en son for intérieur comme une injustice, Dllohov se laissa installer à la place de témoin.

- Levez la main droite et répétez après moi : "Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, sur le Livre de Merlin", fit un des Aurors en tendant un livre devant lui.

Tel un automate, Dolohov répéta, obtempérant à l'injonction sans même réchigner qu'un énième Sang-Mêlé lui donne un ordre. Après tout, cette fois-ci c'était pour la bonne cause. Et en plus, comble du comble, il n'aurait pas même à inventer ni à mentir. Que pourrait demander de mieux un fier Serpentard ?

Point de vue de Harry Potter venant témoigner au procès de Severus Rogue

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Harry attendait son tour avec une certaine nervosité, intrigué mais heureux de ne pas passer le premier finalement. Au fond en y réfléchissant bien c'était plutôt logique puisque l'adolescent ne connaissait pas tellement Rogue or la personnalité de ce dernier avait l'air plus importante que les faits... Peut-être serait-ce plus facile de comprendre la situation dans ce cas. L'ex-Gryffondor qui fumait depuis peu regrettait l'interdiction de pouvoir le faire en ces lieux trop luxueux pour lui. Harry avait toujours détesté le luxe, il trouvait ça pitoyable et inutile... En quelles façons un tribunal avait-il besoin de faire joli? On était là pour juger les crimes. Vraiment ces politiciens, ces gens de l'état étaient pitoyables; leurs fesses fragiles nécessitaient forcément des siège rouge de velours. Le Survivant fronça les sourcils, se retenant d'attraper un bâtonnet trainant on ne sait comment dans sa poche pour occuper ses lèvres en attendant la pause. Jetant un coup d'oeil à son parrain et à sa petite copine il se demanda quand terminerait le jugement. Beaucoup de personnes restaient à interroger et apparemment ces chers magistrats avaient besoin de beaucoup de détails pour décider du sort de Rogue qui venait de parler. Ca lui faisait mal de se l'avouer mais le Brun était d'accord avec son ex-professeur. Pourquoi revenir sur un acte vieux de plusieurs années? Bientôt on allait le prendre par la main pour lui demander de raconter ses souvenirs en ce qui concernaient la mort de James et Lily. Ca n'avait aucun rapport mais ils en seraient bien capables! Il faut dire que Harry était un peu fâché avec les ministres et la justice, tout ce qui traitait de la politique en fait. Ces gens influents avaient souvent cherché à utiliser le gentil gamin niais qu'il avait été. En cinquième année malgré l'évidence ces messieurs dames avaient jugé utile de lui casser les pieds en ce qui concernait son utilisation de la magie hors des murs de Poudlard... Forcément quant on avait la preuve qu'un Détraqueur avait débarqué dans une ruelle, la question sur la légitime défense était encore à se poser. Logique. En pleine crise d'adolescence retardée puisqu'il n'avait pas eu l'occasion de la faire avant; se battant pour la "survie" du monde le jeune sorcier respirait enfin la liberté et n'hésitait pas à se rebeller; d'où son air volontairement provocateur en attendant son tour.

Un peu fatigué de voir tout ce joli monde défiler et répondre selon ses convictions le Survivant poussa un léger soupir; ses yeux se fermant de moitié comme pour observer avec plus d'acuité ce qui se passait autour de sa personne. En regardant Rogue de biais; Harry pu remarquer, enfin, son air épuisé et son teint pâle. D'un côté son ex enseignant ne l'avait pas volé mais de l'autre le brun avait pitié de lui. Le pauvre, il ne payait vraiment pas de mine, et malgré sa verve l'adolescent pariait volontiers qu'un simple croche-patte l'envoyait directement à Ste Mangouste. Haussant les épaules et s'attardant sur Fran la procuromage qui venait de s'exprimer pour faire avancer le procès puis Léonya ayant parlé un peu plus tôt; le Survivant constata qu'il ne les connaissaient pas. Ses yeux se réduisirent à deux fentes et ses oreilles ainsi que son esprit se firent enfin attentifs afin d'apprendre tout ce qui pourrait servir sur Rogue. Non pas que l'ex-Gryffondor encore trop noble d'esprit ait l'intention de l'utiliser pour achever Severus mais savait-on jamais. Le temps et les événements lui avaient apprit la méfiance, la prudence et son côté serpentard indiscutable une fourbe patience visant à récolter tout ce qui était possible comme arme pour se protéger avant d'être, une fois de plus attaquer. Le Fourchelang était bien placé qui plus est pour savoir que l'épée ne servait pas à grand chose désormais mais que le venin faisait beaucoup plus d'effet. Quelque soit l'endroit touché, la blessure était mortelle. S'appuyant de façon plus négligée sur la balustrade, passant une main dans ses cheveux mi-long maintenant-Ils poussaient vite et Harry n'aimait pas perdre son temps alors aller chez le coiffeur n'était pas venu à son esprit, en plus il cachait mieux sa cicatrice ainsi-il attendit la suite des événements, décrochant finalement de la conversation après avoir apprit ce qu'il y avait apprendre et attendant passivement son tour.

Point de vue de Lucius Malefoy venant témoigner au procès de Severus Rogue

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Dès que la procuromage avait appelé les deux premiers témoins, à savoir Dolohov et lui-même, deux aurors étaient venus le chercher et l'avaient fait pénétrer dans la grande salle d'audience, lui demandant d'attendre sur le côté, assez proche de la procuromage même si à quelques mètres quand même, pendant qu'on faisait entrer Dolohov et qu'on l'installait. Lucius avait ainsi pu assister à tout le témoignage de son ancien comparse. Et quel témoignage ! Doué, oui, sur ce coup-là, Dolohov était doué. Plus même. Ou comment enfoncer Severus plus encore qu'il ne l'était déjà. Avec un tel témoignage des plus accablants, Severus partait mal. Trés mal même. Il ne savait comment son ami, ou ancien ami, allait encore parvenir à s'en sortir, mais voilà bien un procès qui promettait d'être des plus... captivants.

Au fond de lui, Lucius espérait bien que Severus, aussi traître soit-il à la cause qu'ils avaient tous prétendu défendre, s'en sorte. Oui, vous avez parfaitement entendu : il souhaitait que Rogue, Severus Rogue, s'en sorte. Car, ne vous en déplaise, il ne pouvait se départir de son ancienne "amitié", "camaraderie" - ou quelque soit le qualificatif que vous souhaitiez lui donner - qu'il avait pu ressentir envers l'un des Maîtres des potions les plus talentueux de leur époque. Il avait toujours été attiré par l'aura fascinante de Rogue, et ce dès la première fois où il l'avait vu à Poudlard. Malgré l'aspect gringalet et la bien piètre figure que le jeune Rogue avait alors, ce jeune Sang-Mêlé, qui avait eu le cran d'aller à Serpentard au milieu de tant de Sang Purs, et, qui plus est, qui était lui-même un descendant d'une des plus vieilles familles de Sang Pur, et pas des moindres, puisqu'il s'agissait ni plus ni moins des Prince, avait su attirer l'attention et attiser la curiosité de Lucius. Et cette première impression, cette première curiosité et cet intérêt soudain et inexplicable n'avaient fait que se renforcer par la suite quand Rogue s'était en outre montré des plus doués en maintes domaines. Dont potions et Magie Noire. Nul besoin d'expliquer ensuite pourquoi le jeune Malefoy avait éprouvé le besoin de s'entourer de ce jeune homme prometteur. Et mystérieux.

Oui, voilà. Severus avait été et était toujours des plus mystérieux. Un mystère vivant que Lucius n'avait eu de cesse d'essayer de décrypter. En vain ? Peut-être... Du moins en partie. Vu qu'il n'avait pas compris la traitrise de son ami. Il avait manqué quelque chose avec Severus. Ils avaient pourtant vécu bien des choses, partagé nombre d'expérience et autres en tout genre. Mais pourtant... Lucius n'avait rien vu. Oh bien sûr, à maintes reprises il avait eu des doutes. Mais jamais, ô grand jamais, il n'aurait pu penser manquer quelque chose avec une telle ampleur. Severus... Quelque part, son ami lui manquait. Oui, Severus lui manquait. Pouvait-on parler véritablement d'ami ? il n'aurait su dire, dans le sens où un Serpentard n'avait jamais vraiment d'amis, du moins était-ce ce qui se disait dans la vieille salle commune de Salazar à Poudlard. C'était là un des plus vieux préceptes qu'on inculquait à tout jeune serpent nouvellement arrivé, avant même de l'amener dans son dortoir... Presque aussi vieux que la notion de sang pur, à coup sûr. Mais ami ou non, Severus était ce qu'il y avait de plus proche s'y apparentant quelque peu. Et il lui manquait.

Perdu dans ses pensées, Lucius sursauta presque quand on l'appela enfin à la barre, tandis que les aurors reconduisaient déjà Dolohov dans sa cellule. Ca y était. c'était à lui de témoigner. Voilà qui allait être délicat. Et il était censé témoigner pour l'accusation qui plus est? ce dont il n'avait nullement envie, pour être honnête. Mais pouvait-il décemment faire autrement aussi ? Voilà qui allait mettre tous ses sens serpentards à rude épreuve. Surtout, si, et visiblement c'était le cas, il allait devoir faire face au réquisitoire et aux questions, tout aussi serpentardes, de Rogue. Espérons qu'au moins le maître des potions comprennent les véritables intentions de Lucius. Il ne pouvait décemment pas défendre celui qu'il pouvait considérer comme son plus vieil ami, lui-même étant déjà sur la sellette. Mais.... Mais en s'y prenant bien, peut-être pourrait-il rentrer quelque peu dans le jeu de Rogue... et Rogue en tirer partie ? Entre vieux serpentards, il devrait bien pouvoir jouer quelque chose non ?

Lucius s'installa donc à la barre des témoins, tentant d'ignorer l'étrange regard que lui lançait Severus et tentant d'ignorer cette désagréable impression de faiblesse que l'aspect quelque peu misérable de Rogue lui laissait, et leva la main droite comme on le lui demandait.

- Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, sur le Livre de Merlin, fit-il d'une voix assurée.

Pfff, jurer sur le livre de Merlin. Que tout ceci était désuet. Et surtout si peu efficace pour de tels menteurs professionnels tels qu'eux tous. Mieux aurait-il valu les faire jurer sur l'arbre généalogique de leur famille sang pur tiens. cela aurait peut-être été bien plus efficace. Je dis bien peut-être...

Maintenant restait plus qu'à attendre les questions. Qui ne sauraient tarder...

Point de vue de Narcissa Malefoy venant témoigner au procès de Severus Rogue

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Son mari ayant témoigné avec toute la brio dont il était capable (et ce n'était pas peu dire, mine de rien ! Lucius Malefoy n'était pas n'importe qui, vous pensez, lui ! Un sang pur d'une des plus anciennes lignées de l'histoire de la magie, et qui plus est un homme si raffiné et élégant, si intelligent aussi... enfin bref, passons les détails concernant monsieur son époux, sans quoi on en a encore pour des lignes et des lignes), il était maintenant au tour de Narcissa de se présenter devant le Magenmagot afin de témoigner des quelques informations qu'elle pouvait bien avoir en sa possession et en sa mémoire concernant le mangemort Severus Rogue. Si elle devait reconnaître que le témoignage de monsieur son époux avait été édifiant en lui-même, non seulement par la position qu'il avait adoptée, mais aussi par le ton et la magnificence dans lesquels il s'était exprimé, il ne fallait pas croire qu'elle s'attendait à ne pas faire mieux que lui ! Bon d'accord, faire mieux que Lucius Malefoy relève en soi de la gageure, mais une gageure si agréable à la pensée... Alors, à défaut de faire mieux que lui, elle comptait bien faire un témoignage aussi édifiant que le sien, bien que sur un tout autre ton.

En effet, Narcissa n'avait pas vraiment pris la position de son mari en ce qui concernait Severus Rogue. Elle avait juste collaboré, participé à quelques offensives dont la bataille de Poudlard, mais au demeurant c'était tout ce qu'elle avait bien pu faire de notable au sein des mangemorts. Toutefois, elle avait eu des échos très particuliers e ce qui concernait ce jeune homme qu'elle avait à peine connu à Poudlard, certes, mais que son mari avait très bien connu et qui demeurait un grand ami de la famille puisque le parrain de son fils Drago, rien que cela ! Bon d'accord, c'était Lucius qui avait imposé le choix. Elle aurait préféré une autre personne, comme par exemple son cousin Regulus, mais manque de chance, Regulus était mort peu avant. Oh et puis zut ! Severus était quand même le dernier descendant d'une longue lignée de sang-pur, la famille Prince, quand bien même il ne l'était qu'à moitié. Sans compter le talent dont il avait fait preuve auparavant, talent si apprécié au demeurant par le Seigneur des Ténèbres qui l'avait bien rapidement intégré dans son Cercle Intime, et qui avait fait usage de lui en qualité d'Inquisiteur, ou encore en tant que maître des potions. Lucius lui avait raconté tout cela et même bien plus encore par le passé, et elle ne pouvait donc pas trop se fier sur ces témoignages (nonobstant la personne dont ils émanaient) pour édifier le sien. Elle allait donc uniquement rapporter ce qui s'était déroulé sous ses yeux, comme le lui avait par ailleurs conseillé Lucius peu avant le procès, lui disant qu'il ne tenait qu'à eux de ne pas se retrouver à nouveau à Azkaban. Enfin, surtout lui, mais ce n'est pas un détail d'importance étant donné les risques qui couraient déjà sur toute la famille malgré le sauf-conduit du ministère et les contraintes imposées à leur liberté à demi méritée d'ailleurs. Mais la franchise n'était pas vraiment l'apanage de la Serpentarde, pas sur ce sujet là, et elle se garderait bien de trop faire part de ces faits. Elle se contenterait aujourd'hui de témoigner.

Narcissa s'avança donc vers la barre des témoins, sous les regards de l'assistance. Elle sentait les yeux s'appesantir sur elle, et elle en tirait une satisfaction de jeune fille, presque. Enfin pas vraiment, étant donné qu'elle n'était plus vraiment une jeune fille étant donné l'âge qu'elle avait déjà, mais bon, ceci n'est encore une fois qu'un détail. Elle-même gratifia l'assistance d'un regard avant de se lancer dans sa diatribe pour répondre à ce que la sang-mêlée rousse venait de lui demander, à savoir de confirmer le témoignage de son mari, d'y ajouter sa dose de souvenirs si elle avait à en ajouter, et de confirmer l'appartenance au mouvement mangemort de Severus Rogue. Rien de dramatique en soi, mais il allait lui falloir faire preuve de certains talents de témoin qu'elle ne possédait peut-être pas. Elle allait devoir parler de bien des choses, n'est-ce pas ? D'abord, elle allait devoir reconnaître n'avoir que collaboré au mouvement, plus en suivant sa soeur et son mari que pour une autre raison. Ensuite, elle allait devoir parler de la première chute du Seigneur des Ténèbres, de son retour et de ses activités à ce moment là. Tout simplement. Ce n'était pas bien difficile, si ? De toute évidence, non. Mais il y avait pire en ce qui concernait Severus Rogue, bien qu'elle ne l'ait jamais vu à l'oeuvre en tant que legilimens (en ce qui concernait les potions, c'était autre chose). Enfin bon ! Cessons de penser, témoignons plutôt ! Elle prêta serment sur le Livre de Merlin (comme l'avait précédemment fait son mari), et prit une grande inspiration.

- Je vais tâcher de répondre à vos interrogations dans l'ordre où elles ont été formulées. Pour commencer, en tant que simple collaboratrice, mangemorte à un degré moindre comme vous l'avez vous-même si bien dit, je n'ai pas eu l'occasion d'assister aux réunions du Cercle Intime du Seigneur des Ténèbres au même titre que mon époux. Néanmoins j'ai pu voir Severus Rogue à l'oeuvre en tant que maître des potions, à défaut de le voir à l'oeuvre en tant que legilimens, mais je doute que les détails de la concoction de mixtures dont j'ignore moi-même l'utilisation que Severus Rogue en a faite vous soient d'une grande utilité. Au reste non, je n'ai pas eu l'occasion de voir dans quelle mesure l'on faisait usage de ses talents. En ce qui concerne le témoignage de mon mari, je ne vois rien à démentir, mais j'aurais en ma qualité de témoin quelques ajouts à faire en ce qui concerne Severus Rogue et le meurtre du professeur Albus Perceval Brian Wulfric Dumbledore. Un peu moins d'un an avant le meurtre de ce dernier, qui devait selon les voeux du Seigneur des Ténèbres échoir à mon fils Drago, lequel en était terrifié, je me rendis chez l'accusé et le suppliai de protéger mon enfant. Il accepta, fit un Serment Inviolable dont ma défunte soeur Bellatrix était l'Enchaîneur, dans lequel il s'engageait à protéger Drago et à accomplir à sa place, si mon fils n'y parvenait, à lancer lui-même l'Avada Kedavra destiné à feu M. le directeur de Poudlard. Ce qui se passa au moment venu a eu lieu sous les yeux de Lucius et de ma soeur Bellatrix, ils m'en ont relaté des passages, ainsi que Drago. C'est tout ce que j'ai à ajouter. Avez-vous des questions ?

Le témoignage de Drago Malefoy au procès de Severus Rogue

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Il le sentait, que son tour allait venir. Il ne pouvait dire ni pourquoi ni comment, mais il le sentait, et comme l’instinct d’un serpent est excellent, on pouvait dire qu’il n’avait presque aucune chance de se tromper. Et en effet… D’abord, ça avait été au tour de son père de témoigner. Il avait exposé toute sa vérité… entre toute la vérité de Lucius Malefoy et toute la vérité vraie, il y avait d’habitude un grand monde aussi énorme que la galaxie au grand complet, mais cette fois-ci la vérité qui sortait de sa bouche était si étonnante de vérité qu’il en venait presque à soupçonner son père de mentir en disant la vérité… Oui, d’accord, ce que je dis n’est pas très clair, mais il n’y a pas moyen de le clarifier davantage. C’était ainsi, point à la ligne. Pas moyen d’exploiter encore plus un sujet qui avait déjà été visité et revisité par la planète au grand complet au sujet des relations très ambiguës entre Lucius Malefoy et la vérité. Ensuite, ça avait été au tour de sa mère. Narcissa Malefoy n’avait jamais été très talentueuse dans l’art de mentir, aussi avait-elle choisi de dire la vérité en accusant son parrain. Lucius, lui, avait choisi de le défendre… Et pour une fois, Drago n’approuvait pas la décision de son père, qui semblait vouer un tout nouveau respect au maître des potions. Pas que par le passé, il ne l’avait pas respecté, au contraire même, mais maintenant il semblerait que Lucius ait touché le fond. Les doloris du Seigneur des Ténèbres, puis la défaite de celui-ci, avaient dû être un sérieux choc pour monsieur son père, qui y avait visiblement laissé la moitié de son bon sens et la totalité (ou presque) de ses principes. Des principes si parfaits ! Vous n’y pensez pas ! Mais pourtant, c’était le cas. Mais si Père avait perdu la tête en même temps que son honneur, il n’en était pas de même pour Mère, qui gardait quant à elle la tête froide et disait toute la vérité qu’elle savait, une vérité des plus crues et qui permettrait enfin d’inculquer à son traître de parrain (traitre dans tous les sens d’ailleurs) le sens de la réalité, une fois qu’il serait en prison.

Pourtant, ce que sa mère disait au sujet du Serment Inviolable, Serment qu’elle lui avait caché depuis qu’il avait été accompli, ne faisait que le stupéfier. Elle lui avait caché ça, elle lui avait menti ! Et son parrain qui venait sans cesse fouiner dans ses affaires comme une belette (pas qu’il comparait son parrain à un Weasley, mais presque) pour savoir ce qu’il mijotait, alors qu’il le savait depuis le début ! Ah, le traître ! Lui qui disait qu’il pouvait l’aider… lui qui avait pris la place de Père dans les rangs du Seigneur des Ténèbres juste après le meurtre prémédité d’Albus Dumbledore ! Il ne pouvait pas vraiment savoir dire avec précision ce qu’il trouvait de plus détestable chez son parrain maintenant, mais une chose était sûre, il le haïssait. Il haïssait tout autant celui qui avait été le Seigneur des Ténèbres et dont il avait été, avec une certaine fierté d’ailleurs, le serviteur. Mais sa fierté était toute de fausseté, elle était élaborée à la mode Serpentard qui préfère vous faire passer pour un gros dur pouvant endurer l’horreur, plutôt que d’avouer votre faiblesse et de vous carapater derrière les gros bras de deux malabars qui ne vous respectent qu’à cause de la position importante qu’occupe votre père au Ministère et dans les rangs du Seigneur des Ténèbres ! Quel choix avait-il fait jusqu’à présent ? Celui de ne rien faire. Celui de laisser son parrain tuer Dumbledore, ce qu’il avait fait avec un sang froid étonnant. Une fois Dumbledore tué et ses plans pouvant être remis en placard, il s’était bien entendu senti soulagé, mais pas pour longtemps car après étaient arrivés les Carrow et le reste du petit monde à Poudlard, un Poudlard qu’il avait quitté pour rentrer chez lui. Il n’avait pas passé ses ASPIC, au même titre que Potter et sa clique, sauf qu’il ne bénéficiait pas de l’excellente réputation du Balafré, de la Sang-de-Bourbe et de la Belette qui lui servait de meilleur pote (la belette qui lui servait de petite amie était, elle, encore à Poudlard), et donc ne bénéficiait pas par la même occasion des sauf-conduits auxquels ils avaient droit. Et ça le faisait enrager.

Mais il devait cesser de penser à tout cela ! Il était maintenant temps de consacrer toute sa haine et toute sa vérité personnelle (bon d’accord, il en manquait des bouts, mais ce n’était pas gravissime en soi) à un seul procès, celui de son parrain. On s’occuperait du procès mental de Potter et de ses potes plus tard. Le jeune Malefoy se leva alors, et regarda l’assemblée qui l’entourait. C’était son heure de gloire, il ne pouvait pas se permettre de ne pas avoir l’air présentable (et même plus que présentable au vu de la véritable ruine qu’avaient été ses vêtements, de sa coiffure très élégante, de son sourire aux dents éclatantes et ses yeux gris et froids. Toute sa physionomie était noblement élégante, à l’image de celle de son père) ni d’avoir l’air peu sûr de lui ! Vite, qu’il redevienne le Malefoy qu’il avait été avant sa sixième année à Poudlard, qu’il devienne l’adolescent arrogant qu’il avait toujours été et qu’il demeurerait tout le temps ! Le menton haut, la démarche altière, tout en lui dénotait l’assurance typiquement Malefoyenne, une confiance en soi qui semblait inébranlable pour quelqu’un qui allait devoir vendre un membre de sa famille sans la moindre hésitation et sans le moindre remord.

- Je pense déjà savoir les questions que vous me poserez, madame, fit-il alors en s’inclinant devant Chapell avec respect, c’est pourquoi je vous épargne la peine d’avoir à me les exposer. Il est vrai que le professeur Severus Rogue a tenté par tous les moyens de se mêler au meurtre du directeur de Poudlard, dont j’avais été chargé par le Seigneur des Ténèbres. Il l’a tué juste sous mes yeux, à ma place, pour me « suppléer » comme il le disait si bien, mais plus exactement il me semble pour acquérir un rang plus prestigieux encore parmi les mangemorts. Le Seigneur des Ténèbres l’a vivement récompensé en lui remettant la direction de Poudlard, et l’a chaleureusement… si je puis dire, encouragé à continuer à aussi bien le servir. Vous pouvez dès lors juger de l’effet que l’accusé avait produit sur le Seigneur des Ténèbres en personne.